Depuis le milieu des années 70, à loccasion de la première crise pétrolière, on sest interrogé sur lintérêt du méthanol comme vecteur énergétique ; on se demandait alors sil ne fallait pas le préférer au GNL ( Gaz Naturel Liquéfié ) qui se transporte, par bateau , à 162°C alors que le méthanol se transporte avec autant daisance quun produit pétrolier liquide.
Pour des raisons structurelles méthanol pénalisé à la fois sur les rendements et les investissements spécifiques le GNL sest révélé être le plus compétitif quand le marché requiert un combustible ; par contre le méthanol pouvait reprendre lavantage pour la production de gaz de synthèse et donc dhydrogène. Toutefois, il a toujours manqué à ce maillon important de la pétrochimie vers le formaldéhyde, le Methyl Tertio Butyl Ether, lacide acétique, etc... - un vaste marché qui puisse justifier de grandes unités bénéficiant dun fort effet déchelle . Celles-ci sont, en effet, la condition clef dun méthanol bon marché (70 à 80 € par tonne, soit la moitié des cotations passées) qui sappuierait aussi sur des ressources gazières inexploitées car « orphelines » de marchés attractifs (concept de « stranded gas » disponible à faible valeur).
Pour la production dhydrogène, le méthanol sest donc contenté, pendant des décennies, dun marché de niches avec de petites unités - quelques centaines de Nm3/h capables de supporter une source dhydrogène cher. Des conditions opératoires peu sévères pression basse et température inférieure à 350°C permettent de rivaliser avec des unités de vaporeformage handicapées par un effet déchelle défavorable.
Un dilemme du type la poule et luf se pose à nouveau aujourdhui qui initiera une offre massive et bon marché de méthanol pour une demande potentielle vaste et multiforme (turbines à gaz et cycles combinés, oléfines ex-méthanol, gaz de synthèse pour lhydrogène ou la réduction directe du minerai de fer, piles à combustibles avec reformage intégré de méthanol) qui, soit se contente de solutions concurrentes attractives, soit est encore à peine émergente.
La satisfaction des critères de Kyoto pourrait-elle pousser à sappuyer sur le méthanol comme vecteur dhydrogène ? Il est assez simple de le décomposer en H2 + CO (et CO2) à basse température (sur les gaz déchappement dune turbine à gaz par exemple) pour aboutir à un mélange hydrogène et dioxyde de carbone (CO2) sous pression, ce dernier pouvant être capté facilement afin de le réinjecter, sauf quand il sagit de production décentralisée.
Il faut toutefois faire remarquer que si le méthanol présente de nombreuses qualités, il a linconvénient important dêtre très toxique et miscible à leau en toutes proportions (cas de fuites) ; plusieurs pays en ont déjà interdit lutilisation dans certaines applications.
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