Chauffer intensément dans une casserole du sirop conduit inévitablement à un dépôt de carbone tandis que l'eau s'évapore. Les chercheurs de l'équipe de Lanny Schmidt, à l'université du Minnesota à Minneapolis, ont trouvé un moyen de contourner ce phénomène afin d'obtenir directement une décomposition en hydrogène et en monoxyde de carbone. Leur secret ? Chauffer si rapidement le produit que la formation de la couche de carbone est évitée.
Ce nouveau processus présente deux avantages : il permet tout d'abord de s'affranchir des produits pétroliers pour produire "proprement" de l'hydrogène, le carburant de l'avenir pour la propulsion automobile ; deuxièmement, il peut s'appliquer à toute sorte de déchets végétaux... même au gazon coupé sortant des tondeuses.
Les chercheurs ont expérimenté leur procédé sur deux produits, l'huile de soja et l'eau sucrée. Ils ont vaporisé ces liquides en minuscules gouttelettes de 400 microns de diamètre en utilisant un simple injecteur d'essence provenant d'un moteur de voiture. La vapeur obtenue a été projetée sur un disque en céramique revêtu d'un catalyseur, un mélange de rhodium et de cérium. Au contact du disque poreux porté entre 800 0C et 1 000 0C, les gouttelettes se vaporisent en quelques millisecondes et se décomposent en monoxyde de carbone et en hydrogène. Environ 70 % de l'hydrogène contenu dans l'huile est récupéré par aspiration de l'autre côté du disque. Caractéristique intéressante, la réaction chimique s'entretient elle-même : le disque en céramique doit être chauffé pour amorcer le processus, mais c'est ensuite la chaleur produite par la décomposition de l'huile qui le maintient à bonne température.
A l'aide du petit réacteur de 17 millimètres de diamètre utilisé, 500 grammes d'hydrogène sont produits par jour. D'après les calculs, un disque de 15 centimètres permettrait d'obtenir 3,7 litres d'hydrogène à l'heure.
Les chercheurs estiment que ce processus peut devenir une source de carburant pour les piles à combustibles lorsqu'elles seront au point. A plus court terme, le gaz synthétique est utilisable comme carburant dans les moteurs thermiques. Ces chercheurs sont-ils trop en avance ? "Le problème aujourd'hui est encore la concurrence du pétrole et de l'éthanol issu du maïs, dont la culture est très efficace aux Etats-Unis", explique Lanny Schmidt, qui travaille depuis quinze ans sur le sujet et attend désormais que le prix du pétrole modifie l'équation.
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